Les éditions Larousse et la « Collection de Vienne »
Écrit par Stéphanie Lamache
Après la Première guerre mondiale, le marché de l’édition est bouleversé. L’inflation accroît les coûts de production et les moyens de transports sont encore perturbés. Si le marché intérieur renaît peu à peu, l’exportation reste un secteur difficile à satisfaire en raison du change défavorable. Les éditions Larousse décident alors de trouver un nouveau modèle économique pour une partie de leur production.
Au-delà des difficultés matérielles d'un « marché qui est en train de nous échapper », Larousse perçoit dans la nouvelle donne de l'après-guerre un danger moral : la place de la pensée française est menacée. Dans une note de travail interne, deux problèmes sont identifiés : l’influence anglaise à l’abondante production et la pensée allemande, « organisée et insinuante ». Il s’agit de défendre les intérêts de la France sans nuire à la production nationale, d’assurer une présence de ses auteurs en maintenant des coûts de production les plus bas possible : intérêts économiques et patriotiques se confondent.
Le projet des éditions Larousse en 1921 pour résoudre l’équation a consisté en la création d’un « centre de propagande » appuyé sur la collaboration des éditions Manz à Vienne, « une adaptation rapide aux circonstances » permettant de produire des livres de qualité destinés à être vendus partout sauf en France, en Belgique et dans les colonies.
Fonds Éditions Larousse
Pour cela, proposition est faite aux éditeurs et aux auteurs parmi « les plus représentatifs du génie français », « de belle tenue littéraire et saine inspiration », de publier leurs titres sous le nom de Larousse, à Vienne, au plus près de la clientèle visée.
Paul Bourget, Henry Bordeaux, René Bazin, Paul Claudel ou François Mauriac seront quelques-uns des auteurs retenus. La « Collection de Vienne », parenthèse littéraire dans les productions éducatives et pratiques de Larousse, verra paraître 52 volumes avant de s’interrompre en 1925.
Voir aussi :
Sur les fonds d'éditeurs à l'Imec : « Une collection rare et précieuse ».