Colette, éditrice attentive et active d’Emmanuel Bove
Écrit par Stéphanie Lamache
Entre 1923 et 1925, Colette occupe le poste de directrice de collection aux éditions Ferenczi. En juin 1924, elle fait paraître Mes Amis d’Emmanuel Bove, jeune auteur inconnu qu'elle a découvert et qu'elle soutient.
En 1923, Colette avait remarqué Nuit de Noël, un conte envoyé au journal Le Matin par Emmanuel Bove et si elle n’avait pas retenu le texte pour publication, elle fut assez impressionnée pour demander un roman à son auteur. « Il est si agréable de mettre la main sur une œuvre qui mérite qu’on s’intéresse à elle », disait-elle au journaliste Raymond Cogniat à propos de ses nouvelles fonctions chez Ferenczi.
Avec ces deux lettres adressées à Madeleine Brisson, directrice des Annales politiques et littéraires et tout nouveau membre du jury du prix Fémina, elle veille à faire connaître son « protégé » en vue de la remise du prix en fin d’année. Dans la première lettre, elle compte d’abord sur sa correspondante : « si vous pouviez entraîner, le jour du vote, tout le jury du prix Fémina-Vie heureuse… ».
Dans la deuxième, elle esquisse un état des forces en présence parmi les membres du jury. Après un coup de griffe à Julia Daudet, elle avoue hésiter à s’adresser à la journaliste Séverine : « je crois qu’elle ne me chérit pas, mais pourvu qu’elle chérisse Bove… ».
Le 10 décembre 1924, après un scrutin à 6 tours, Charles Derennes et son Bestiaire sentimental est préféré à Emmanuel Bove, par 11 voix contre 7. Mais les efforts de Colette n’ont pas été vains. Des articles élogieux ont paru, dont ceux de Sacha Guitry et Fernand Vanderem. La carrière de Bove est lancée.
Armand, son deuxième roman, paraît en octobre 1926 sobrement dédicacé « À Madame Colette ». Colette s’en souviendra en 1943, avec la publication d’une nouvelle, Armande, écho d’une rencontre qui, si elle ne fut pas amitié, fut au moins fraternité d’écrivains.
Illustrations :
Extraits du cahier Mme Colette, recueil de lettres de Colette reçues entre 1923 et 1931, composé et annoté par Liliane Dauphin-Sarcey, la fille de Madeleine Brisson et consacré à l’autrice admirée.
Cote 150BRI/40/27, Fonds Famille Sarcey-Brisson / Archives Imec.