Aller au contenu
Recherche

De Bach à Dylan

De Bach à Dylan

Sur cette double page à nouveau très hétérogène, on peut lire à gauche la rubrique nécrologique du Monde consacrée à Boris de Schloezer, mort le 7 octobre 1969. Grand ami de l'auteur, Schloezer est celui qui l'a le plus encouragé, pendant les années 1960, à se remettre à l'écriture. Pour la dédicace de Par-dessus bord, Michel Vinaver projetait d'écrire : « Aux bousculeurs, Boris de Schloezer, Robert Voisin, mon frère Georges » – il gardera uniquement : « À la mémoire de Boris de Schloezer » (L'Arche, 1972). Il signera par ailleurs un texte d'hommage dans le numéro spécial consacré à Schloezer des Cahiers pour un temps du Centre Georges Pompidou en 1981.

Accolée à la coupure de journal, figure une liste de personnes à inviter à « une lecture expérimentale » de la pièce. Certains sont des amis (Mamie était le petit nom de la femme de Boris de Schloezer), d'autres des professionnels (Michel Cournot, en 1970, était critique lettres et spectacles du Nouvel Observateur ; Gilles Duché était le scénographe que Michel Vinaver avait rencontré dans les années 1950 en travaillant avec Gabriel Monnet ; Jack est peut-être Jack Lang).

À droite, des notes dramaturgiques. Le papier toilette, objet central de Par-dessus bord, devient ici support d'écriture. Ces notes, peut-être même écrites aux toilettes (voir en haut à droite), sont très importantes dans la genèse de la pièce. Michel Vinaver devait être en train de travailler à la rédaction du mouvement VI, qui consiste entièrement en une scène de fête de l'entreprise, et continuait parallèlement à penser la dramaturgie et à construire le plan de la pièce. Le « chœur » est l'ensemble des voix anonymes, dont les répliques viennent interrompre ou commenter les discours des personnages sur l'estrade. Le « magma » correspond à ces longues listes de répliques non attribuées, mélangeant plusieurs dialogues, qu'il rapproche ici de la musique de Bob Dylan.

Simon Chemama