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Jacques Audiberti

Jacques Audiberti

Les carnets de Jacques Audiberti sont emplis d’une écriture qui dévore tout, l’endroit, l’envers, le côté. Ce sont des premiers jets, des dessins, des croquis, des listes… Il n’y a pas de sacralité du carnet : les couvertures et les tranches sont rayées, certaines pages cornées ou déchirées. On imagine ces carnets accompagner partout l’auteur, être sans cesse manipulés, ouverts, complétés. Le tracé du stylo peut être net et précis comme tremblant et illisible (l’auteur écrit-il en marchant ? dans un train, un bus ?), soudain des mots surgissent, bribes d’une phrase dont le reste est encore à décrypter : « …que d’univers dans l’univers ! », « l’ail pour la circulation, les carottes pour l’arthrite… », « …ces petits épargnants que le malheur n’épargne pas… ». Sa fille, l’auteure Marie-Louise Audiberti, raconte : « Dans les carnets qu’il tenait — il y avait toujours des carnets dans ses poches, des carnets qui tombaient de ses poches — il notait très vite et il dessinait aussi dans les marges des carnets ou sur l’écriture elle-même, c’était cette espèce de génie qui était plus fort que lui et qui lui sortait par tous les pores de la peau. »

Poète, romancier, auteur dramatique et essayiste, Jacques Audiberti (1899-1965) fait ses débuts à Paris comme journaliste. Dès son premier recueil, il est salué par la critique. À la Libération s’ouvre pour l’auteur une période d’intense production : parallèlement à ses nombreuses pièces de théâtre, qui rencontrent le succès, il publie des romans, essais, poèmes, traductions et textes en revues. Dans un style alliant liberté voire extravagance baroque et respect des règles traditionnelles, toute son œuvre se concentre sur quelques thèmes essentiels (l’amour, la religion, la science, le tragique de l’histoire), scrutés avec une lucidité souvent empreinte d’angoisse.