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Béatrix Beck

Béatrix Beck

Usés, cornés, annotés et raturés jusque sur la couverture, ces carnets, rédigés dans les années 1940, sont souvent privés d’une grande partie de leurs pages et apparaissent amincis, comme évidés. Aucune sacralisation du carnet chez Béatrix Beck, qui les utilise comme un outil de travail quotidien. Les pages sont souvent barrées, griffonnées ou gribouillées, comme une façon pour l’auteure de se souvenir qu’elle les a bien reportées dans un texte en cours. À moins que ce ne soit purement et simplement pour les supprimer. Le mystère reste entier. Ce qui saisit d’emblée à la lecture de ces courtes phrases, denses, intenses, c’est le sens aigu de la formule de Béatrix Beck, sa capacité d’invention verbale. Toutes ou presque font mouche, frappent par leur intensité, prennent valeur de citation, de sentence ou d’aphorisme, parfois mêlées à des considérations plus utilitaires et à des paragraphes plus longs. Réflexions sur Gide, ami de son père et dont elle fut la secrétaire, transcriptions de rêves, nombreuses références à la religion font la matière principale de ses carnets, qui annoncent les œuvres à venir.

Béatrix Beck (1914-2008) est l’auteure d’une œuvre audacieuse, développée sur plus de cinquante ans et sans cesse renouvelée, aussi bien par le style que par la forme et les thèmes abordés. Paru chez Gallimard en 1948, son premier livre, Barny, ouvre un cycle autobiographique qui sera couronné en 1952 par l’obtention du prix Goncourt pour Léon Morin, prêtre. À partir de 1979, l’auteure s’éloigne de l’autobiographie pour faire entendre d’autres voix (Stella Corfou, 1988 ; Une lilliputienne, 1993). La langue est désormais au cœur du travail de la romancière qui invente un style unique, truffé d’inventions verbales, empreint d’humour et de fantaisie.