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Quand la musique est finie

Quand la musique est finie
  1. Avignon Les Hivernales - Chapelle des Pénitents blancs.

Reprise de Jours étranges pièce créée en Juillet 1990 au couvent des Ursulines dans le cadre du Festival Montpellier Danse. La pièce fut mal accueillie par une partie du public, du public professionnel s'entend. Le temps les fera changer d'avis.

C'est vrai que cette pièce est d'un gabarit modeste : 40 mn, 3 danseuses (Baldinette, Olivia, Hélène) 3 danseurs (Fabrice, Bernard, J.C.), tenues de répétition, Jim Morrison. Au fond du plateau, entassées, des enceintes. Sur scène ça danse, ça joue. Beaucoup de ce que nous faisons est le fruit d'un travail d'improvisation.

Dominique est toujours en vie. Il a remplacé l'ami Bernard qui s'est rompu le dos lors de la première. Les aléas du métier de danseur.

En plan serré : Olivia de dos, moi derrière de profil, sur fond d'arche de cirque romain. Ou grec.

Je murmure le monologue de Pyrrhus -- Andromaque Acte 3, Scène 7 :

« ... Madame, demeurez,

On peut vous rendre encor ce fils que vous pleurez.

Oui je sens à regret qu'en excitant vos larmes

Je n'ai fait contre moi que vous donner des armes :

Je croyais apporter plus de haine en ces lieux.

Mais madame, du moins tournez vers moi les yeux ;

Voyez si mes regards sont d'un juge sévère,

S'ils sont d'un ennemi qui cherche à vous déplaire. Etc. »

Un texte appris quelques années auparavant en classe de théâtre dans l'atelier de Madeleine Marion et un des rares que je connaisse par cœur.

En plan large, ce que l'on ne voit pas : 6 interprètes pris dans une sorte de transe obsessionnelle et déambulant autour d'autels imaginaires, sous emprise, hallucinés. When the music's over. Onze minutes. Moment qui précède une scène chorale vouée à l'épuisement et où il faut se débattre, à bout de souffle, respirer quand même, dans des gestes désespérés, comme des poissons hors de l'eau.

Et pour finir, une sortie dans l'axe, au lointain, de dos ; multitude de petits Charlie Chaplin franchissant un mur d'enceintes et retournant à leurs souterrains.

Jean-Charles Di Zazzo