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Le regard d'Yves Chèvrefils-Desbiolles : dans le fonds André Fougeron

Le regard d'Yves Chèvrefils-Desbiolles : dans le fonds André Fougeron

Écrit par Yves Chèvrefils-Desbiolles

Quatrième texte de la série : "André Fougeron, Les Juges. Le pays des mines, 1950. Ce qu’on en a dit."

En 1950, Fougeron travaille à une grande exposition personnelle intitulée Le Pays des Mines, une commande du Parti communiste obtenue par l’intermédiaire de la Fédération nationale des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais. Un contrat d’un an – trois mois d’étude et sept mois d’exécution – accompagné d’une promesse d’achat est proposé à Fougeron. L’impulsion de ce projet vient de la grande grève des mineurs de l’automne 1948, dont les épisodes les plus violents ont marqué l’actualité sociale du moment.

André Fougeron, Les Juges. Le pays des mines, 1950.
Carte postale éditée à l'occasion de l'exposition "Aftermath, France 1945-54 - New Images of Man", Barbican Centre, Londres (1982)
Fonds André Fougeron / Archives Imec

Le Pays des Mines s’installe du 13 au 26 janvier 1951 dans une galerie d’art luxueuse, située à Paris dans le quartier par excellence des mondanités bourgeoises et de la spéculation marchande, la galerie Bernheim-Jeune, rue du Faubourg Saint-Honoré. L’exposition porte le sous-titre éloquent de « Contribution à l’élaboration d’un nouveau réalisme français ».  Elle est conçue à la manière d’un reportage de la vie du mineur.

Carton d’invitation
Fonds André Fougeron / Archives Imec

L’accrochage, agençant autour des toiles de formats divers, études, esquisses et dessins préparatoires, veut montrer le travail du peintre dans un dispositif linéaire où alternent paysages, portraits, natures mortes, scènes de genre. Le parcours s’achève sur une grande peinture d’histoire, sorte de reproduction imaginaire de la réalité sociale.

Carte postale ayant servi de modèle pour un des personnages du tableau
Fonds André Fougeron / Archives Imec

Dans la presse de droite, certains relèvent ce qui, dans ces tableaux, les rapprochent de la peinture religieuse italienne, l’empathie, l’amour du genre humain. À l’opposé, dans la grande presse communiste, l’accueil de l’exposition est lyrique, la plupart des chroniqueurs évitant cependant de s’égarer dans des considérations plastiques.

Néanmoins, à l’intérieur des rangs du Parti, des réticences au Pays des Mines s’expriment. Elles sont de deux ordres. Une partie de la critique communiste résiste à l’idée même d’un nouveau réalisme volontairement oublieux des avancées plastiques fauves et cubistes. Par ailleurs, chez des militants tentés par une interprétation idéaliste sinon ouvriériste de l’exposition, on reproche à Fougeron « d’avoir oublié de peindre la joie et l’espoir » ou de n’avoir « pas été plus violent ».


Pour en savoir plus :

La Lettre de l'Imec n°13 consacrée aux fonds d'artistes.

L'œuvre a été acquise en 1983 par le Musée national d’art moderne.


Lien vers le fonds André Fougeron sur le portail des collections.
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