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La Cité foudroyée

La Cité foudroyée

Écrit par Lorraine Charles

Dans les archives de Francis Lacassin se trouvent quelques bobines minuscules de la marque Pathé Baby, au titre énigmatique La Cité foudroyée. Support désuet pour un film en avance sur son époque. Réalisé par Luitz-Morat en 1924, d’après un scénario de Jean-Louis Bouquet, La Cité foudroyée est en effet l’un des premiers films de science-fiction français, ayant recours à des effets spéciaux particulièrement spectaculaires.

Le scénario repose sur une structure complexe, mêlant réalité et fiction, avec une révélation finale qui remet en cause une grande partie du récit.

Bobines de La Cité foudroyée, Archives Francis Lacasssin/Imec
© Photographie Michaël Quemener/Imec

L’amour pour sa cousine, Huguette Vrécourt, pousse Richard Gallée, jeune inventeur sans le sou, à conclure un pacte faustien avec un « mauvais homme », Hans Steinberg, qui l’incite à utiliser ses connaissances scientifiques pour mettre au point une machine capable de générer artificiellement une énergie électrique aussi puissante que la foudre. Ceci dans le but d’exercer un chantage odieux sur les autorités parisiennes.

Image extraite de La Cité foudroyée
Archives Francis Lacassin/Imec

Après plusieurs mois de recherches et de travail acharnés, il menace de brûler Paris si une rançon faramineuse, qui lui permettra de sauver son oncle ruiné et d’obtenir la main de sa cousine, ne lui est pas rapidement versée.

Le savant ayant perdu la raison, met sa menace à exécution, ce qui donne lieu à des scènes de destruction particulièrement impressionnantes pour le spectateur de 1924. Les effets spéciaux sont très soignés et le tournage de certaines scènes de panique au cœur même de la ville renforce le réalisme de la catastrophe.

Mais ces événements tragiques se révèlent finalement être nés de l’imagination du jeune scientifique, devenu écrivain à succès, grâce à son éditeur Hans Steinberg.

Affiche du film
Archives Francis Lacassin/Imec

Luitz-Morat, de son vrai nom Maurice-Louis Radiguet (1884-1929), a débuté au cinéma comme acteur. Il a notamment joué dans plusieurs films de Louis Feuillade, alors directeur artistique et principal réalisateur des studios Gaumont. Il réalise son premier film en 1920.

Lorsqu’il rédige ce scénario en 1923, Jean-Louis Bouquet (1898-1978) est employé depuis un an comme monteur par la société Pathé. Intéressé par toutes les facettes de la création cinématographique, il participe aussi à l’élaboration de scénarios. Outre La Cité foudroyée, un autre de ses projets, Le Diable dans la ville (1924) est réalisé par Germaine Dulac.

Très créatif, il écrit de nombreux scénarios, créations originales ou adaptations, jusqu’aux années 1950, avant de se consacrer à l’écriture de romans et de nouvelles fantastiques.

Francis Lacassin est entré en possession des archives de Jean-Louis Bouquet en 1977, alors que celui-ci, malade et criblé de dettes, est hospitalisé et tous ses biens saisis. Francis Lacassin a littéralement ramassé ses papiers, jetés à terre dans l’appartement lors de la saisie des meubles. Il les a soigneusement recueillis, identifiés, classés et a édité ou réédité de nombreux textes, inédits ou oubliés.


Références :

Galaxies, nouvelle série n°32 (décembre 2014).

Mondes noirs. Jean-Louis Bouquet ; textes établis, recueillis pour la première fois, préfacés et suivis d'une bibliographie par Francis Lacassin. - Paris : Union générale d'éditions, collection « Les Maitres de l’étrange et de la peur », 1980. L'ouvrage est consultable sur Gallica.

La Cité foudroyée de Luitz-Morat est visible en ligne.


Lien vers le fonds Francis Lacassin sur le portail des collections.
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