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Gourmandises littéraires

Gourmandises littéraires

Écrit par Stéphanie Lamache

Les fêtes de fin d’année sont synonymes d’abondance et de repas plantureux, l’occasion idéale pour feuilleter un numéro très spécial concocté par la revue Les Annales politiques et littéraires. Fin 1912, Adolphe et Madeleine Brisson, directeurs de la publication, souhaitent ajouter un supplément au dernier numéro à paraître en décembre. Pour cela, ils sollicitent leur réseau : écrivains, dramaturges, actrices, journalistes… afin d’obtenir des recettes de cuisine, des souvenirs ou des considérations sur l’art culinaire.

« Perdrix à la Suzanne-Desprès » par Lugné Poe
Fonds Famille Sarcey-Brisson / Archives Imec

Le numéro prévu sera copieux : anthologies de textes sur la nourriture, sur « Les plaisirs de la table à travers l’histoire » ou sur « Les cafés de Paris » ; des « Recettes et réflexions gastronomiques recueillies auprès des littérateurs et des artistes de notre temps », ou des « Recettes culinaires des provinces de France dues aux obligeantes communications des abonnés des Annales ». Il s’intitule À table ! Le Livre d'or de la cuisine françoise et vient en complément des Annales politiques et littéraires n°1540 du 29 décembre 1912.

« Plats méridionnaux » par Fernand Gregh
Fonds Famille Sarcey-Brisson / Archives Imec

Cent quinze « littérateurs et artistes » ont répondu à l’invitation et vu leurs contributions publiées, parmi lesquels on retrouve Henry Bordeaux, Jean Cocteau, Georges Courteline, Gyp, J. H. Rosny Aîné ou Willy. Grâce « aux obligeantes communications des abonnés », avec lesquels les Brisson entretiennent un lien de proximité et d’attention, ce sont presque cent cinquante recettes, regroupées par régions de France, qui s’ajoutent au sommaire devenu menu, aux délices classées par ordre alphabétique.

« Méditation culinaire » par Laurent Tailhade
Fonds Famille Sarcey-Brisson / Archives Imec

Quelques auteurs tentent de garder leurs secrets, comme Rachel Royer de la Comédie française qui propose la recette de… « L’œuf à la coque », choisissent, comme Léon Bailby, la simplicité de « La crêpe au jambon » ou prônent, comme François de Curel, « La sobriété ». Mais comment résister aux « Queues d’écrevisses à la Nantua », aux « Canapés de morilles à la Champ-Renaud », à la « Soupe de soles » suivie d’une « Grillade aux truffes » et d'un « Soufflé aux pralines » ?

« Le Meilleur gâteau » par Blanche Pierson
Fonds Famille Sarcey-Brisson / Archives Imec

Au fil de ce supplément, c’est tout un panorama de la gastronomie française qui se dessine, avec des recettes empreintes soit d’une tradition séculaire, soit d’un raffinement gourmet. Tous les goûts et tous les parfums sont réunis en une publication. Une excellente lecture pour se mettre en appétit !


  • Les archives de la revue Les Annales politiques et littéraires, particulièrement riches de correspondance (plus de 1200 dossiers), contiennent notamment quelques manuscrits originaux des réponses de « littérateurs et artistes » pour ce numéro spécial.
  • Ces archives font partie du fonds Famille Sarcey-Brisson, riche de 162 boîtes permettant d'étudier l'histoire du journalisme en France sur la période 1880-1970 et plus particulièrement, l'histoire de la critique dramatique et de la critique littéraire.
  • Des numéros de la revue sont librement consultables dans l’abbatiale de l’abbaye d’Ardenne.
  • À table ! Le Livre d'or de la cuisine françoise est consultable sur Gallica.

Lien vers le fonds Famille Sarcey-Brisson sur le portail des collections.
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