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La collection de l'IMEC

Oswald, Marianne (1901-1985)

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Née Sarah Alice Bloch le 9 janvier 1901 à Sarreguemines alors allemande, Marianne Oswald perdit très jeune ses parents, fut mise en pension à Munich, puis souffrit d'un goître qui l'empêchait de parler. Après une opération de la thyroïde (qu'elle décrivit comme si on lui avait « tranché la gorge »), elle se mit à chanter en 1925 avec cette voix unique, à la fois rauque et faussée, dans les cabarets berlinois. Grande lectrice d'Ibsen, elle prit le nom d'un des personnages des Revenants , Oswald, dès l'entame de sa carrière de chanteuse et de comédienne. Traitée dans la presse berlinoise de «chanteuse juive», elle fuit l'Allemagne et se réfugie à Paris en 1931. Elle introduit alors dans la chanson française les techniques de l'expressionnisme allemand et le «chanté-parlé» de Bertold Brecht et Kurt Weil à qui elle a été liée, et contribue ainsi à la transformation profonde de la chanson réaliste parallèlement à Jean Tranchant ( Le Grand Étang , musique d'Arthur Honegger) et Henri-Georges Clouzot ( Le Jeu de massacre , musique de Maurice Yvain). Cocteau la remarque, l'invite à se produire au Bœuf sur le Toit et écrit pour elle en 1934 une « chanson parlée », « Anna la bonne » à partir d'un poème d'Edgar Poe, « Annabel Lee », traduit par Mallarmé. Cocteau persiste, fasciné par l'interprétation et la diction de son amie, avec « Mes sœurs, n'aimez pas les marins » et « La Dame de Monte Carlo ». Marianne Oswald se produit également à l'ABC, à l'Alcazar, à Bobino, à l'Européen, à Pleyel, aux Noctambules, aux Deux-Ânes, et propose, dans un registre à la fois tragique et plus raconté que chanté, les premiers poèmes de Prévert, mis en musique par Joseph Kosma : notamment « La Chasse à l'enfant », fondé sur un fait-divers réel de l'été 1934, « La Grasse matinée », « Les Bruits de la nuit ». En mai-juin 1936, Marianne Oswald soutient les ouvriers en grève de Citroën, dans l'usine desquels elle vient chanter. Boris Vian, Gaston Bonheur, Jean-Nohain, Paul Fort écriront également des chansons pour elle... Liée en 1932 à la firme Salabert, Marianne Oswald passe rapidement sous contrat d'exclusivité avec la Columbia, alors dirigé en France par Jean Bérard, qui la gardera jusqu'en 1937. Après avoir enregistré quatorze 78-tours entre 1932 et 1937, et joué au cinéma dès 1938 ( Le Petit Chose de Maurice Cloche), elle doit s'exiler en 1940 aux États-Unis. Elle y restera sept ans, se produisant à la radio ou dans des cabarets. C'est là qu'Albert Camus la découvre, après avoir lu ses souvenirs, publiés en anglais sous le titre de One Small Voice. Il la convainc de revenir à Paris en 1946. Une série d'émissions à la radio, présentées par Jean Cocteau, Albert Camus, Pierre Seghers, Georges Ribemont-Dessaignes et Gaston Bonheur, mettent alors en scène « Le retour de Marianne Oswald » : elle chante et récite des textes d'Apollinaire, Éluard, Prévert et Jean-Nohain. Plus tard, elle joue dans plusieurs films (dont Les Amants de Vérone d'André Cayatte, en 1949, Notre Dame de Paris de Jean Delannoy, en 1956, Sans Famille d'André Michel, en 1958), publie la traduction de ses mémoires, Je n'ai pas appris à vivre , préfacées par Jacques Prévert (Domat, 1948), et se tourne pleinement vers la radio et la télévision : elle produit et anime notamment en 1954 une émission pour la jeunesse, « Terre des enfants », diffusée sur les ondes de Paris-Inter. Elle s'essaie à l'écriture de scénario pour un court métrage de Georges Franju, La Première Nuit (1958), et même à la réalisation, avec André Vetusto, également pour un court métrage : La Parole est au fleuve (1962). Elle enregistre un 45 tours en 1957, avec 4 nouvelles chansons. Avec une grande intensité d'expression, Marianne Oswald chantait avec véhémence la misère et les souffrances de ses contemporains, renouvelant le répertoire tragique et réaliste des Damia, Frehel. Depuis les années 1980, quelques chanteurs français, comme Jean Guidoni, ou Juliette (Juliette Nourredine) ont repris ses créations.


Contenu de l'archive :
Réunies par Janine Marc-Pezet, les archives comprennent des carnets et notes, des correspondances mais encore le manuscrit de son ouvrage autobiographique, Je n'ai pas appris à vivre , des tapuscrits de ses chansons et des partitions, de nombreux dossiers de presse annotés par elle, des affiches françaises, anglaise et américaines de ses tours de chants, des disques et des enregistrements sur bandes, ainsi qu'un ensemble de lettres originales ou en copie de Jacques Prévert, Jean Cocteau, Jules Supervielle ou René Char.



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'Oswald, Marianne (1901-1985)'

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