Commentaire (Revue)
La revue intellectuelle et politique trimestrielle Commentaire a été fondée, dans le sillage de la revue Contrepoint , par Raymond Aron en 1978, avec ses amis Alain Besançon, Annie Kriegel, Jean Baechler, François Bourricaud, Kostas Papaïoannou et Jean-Claude Casanova ce dernier en étant depuis toujours le directeur et responsable juridique. Lors de sa création, l'objectif de Raymond Aron était, une décennie après Mai 68, de soutenir une opposition libérale qui anticipait la prochaine accession au pouvoir de la gauche socialiste et communiste. Objectif que Kostas Papaïoannou a résumé en proposant d'inscrire sur la couverture cette formule empruntée à Périclès, selon Thucydide : "Il n'y a pas de bonheur sans liberté, ni de liberté sans vaillance". La pensée maîtresse de Raymond Aron, nourrie de tradition et de culture humaniste, anti-communiste, défendant les libertés publiques, le régime représentatif, la liberté d'expression, les droits individuels, la propriété privée, la concurrence et le libre échange, suscite bientôt des échos chez Boris Souvarine, Pierre Hassner, François Fejtö, Jean-François Revel, qui rejoignent l'équipe initiale& Depuis, se sont ajoutées des prises de position néo-conservatrices, atlantistes et européennes, des débats sur les relations internationales, qui ont fait évoluer cette revue haut-lieu de la critique contre les effets pervers de la démocratie et le relativisme post-moderne vers le centre droit. Dans un entretien paru dans Nonfiction (2008), Jean-Claude Casanova précisait à ce sujet : « Si on trace un axe droite-gauche, ils [les rédacteurs] se répartissent pour un tiers à gauche et pour deux à droite. Si on réintroduit le centre, je dirai un quart à gauche et le reste entre le centre et la droite. J'ajoute immédiatement que ce n'est pas la division essentielle. Celle des professions, des sensibilités philosophiques, des disciplines de formation a sans doute plus d'importance que la répartition partisane ou politique. » C'est ainsi que, petit à petit, des hommes politiques, comme Valéry Giscard d'Estaing, Raymond Barre, Jean Lecanuet et François Bayrou, ont livré leurs analyses dans ces pages. Et de la même manière qu'ont coexisté, ou coexistent, au sein de la rédaction, des sensibilités politiques différentes, cohabitent des représentants de diverses religions : le protestant Armand Laferrère, mais aussi les catholiques Pierre Manent et Alain Besançon. Sans compter les laïques aussi, mais « jamais hostiles à la religion », précise Jean-Claude Casanova. Chaque année, est publié, en guise d'hommage fidèle, un article sur Aron ou un texte d'Aron. Favorisant la diversité des démarches, Commentaire , qui a accueilli les textes de Nicolas Baverez, Jean-Louis Bourlanges, Marc Fumaroli, Philippe Raynaud, Philippe Meyer et de bien d'autres venant de tous horizons, se veut avant tout « une revue qui réfléchit sur les formes d'organisation et des activités économiques du point de vue de leur efficacité relative et du point de vue de leur compatibilité avec les libertés politiques et la démocratie ». D'emblée, l'autonomie financière de Commentaire a été considérée comme aussi importante que son indépendance intellectuelle, qui est garantie par un comité de patronage, un comité de rédaction et un conseil de rédaction : constituée en société, dont les 50 rédacteurs d'origine étaient les actionnaires et Raymond Aron le président, confortée par une Société des « Amis de Commentaire », la revue a d'abord été soutenue par l'éditeur Bernard de Fallois (Presses de la Cité) qui partageait leurs vues, puis distribuée par Julliard, et enfin Plon. Mais, suivant en cela l'exemple d'Esprit, la revue s'est affranchie de toute structure éditoriale et, quelques salariées, seules personnes non bénévoles de l'aventure, gèrent elles-mêmes son contenu, sa maquette (reconnaissable entre toutes par sa typographie noir et rouge), son impression, ses abonnés et ses ventes en librairie. Depuis quelques années, elle met en ligne une sélection d'articles qui éclairent utilement notre actualité. Dans l'ouvrage de Jean-François Sirinelli, Histoire des droites en France (Gallimard, 1992), Olivier Corpet, fondateur de l'IMEC et de l'Association Ent'Revues, reconnaissait que Commentaire était « la seule revue intellectuelle de droite qui compte vraiment ».
Contenu de l'archive :
Dossiers « Constitution et fabrication » (textes envoyés manuscrits ou dactylographiés, épreuves corrigées, courriers rédactionnels, commerciaux, techniques et administratifs, devis, factures, dossiers de fabrication, classés chronologiquement par livraison). Dossiers « Gestion de la revue » (enquêtes auprès du lectorat, bilans, statistiques, abonnements, classés chronologiquement par livraison). Dossiers d'articles refusés. Dossiers « Création de la revue ». Collection presque complète de la revue. Enregistrements de séminaires de Raymond Aron du début des années 1960.
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