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Christophe Manon

Christophe Manon

L’Imec accueille l’auteur Christophe Manon en résidence d’écriture de deux mois, du 16 au 23 décembre 2022, puis en janvier, février, avril et mai 2023.

Durant son séjour à l’abbaye d’Ardenne, il rencontrera les élèves du CLE (collège lycée expérimental) d’Hérouville Saint-Clair, et travaillera à l’écriture d’un nouveau projet littéraire, Élégies mineures.

Regards croisés, c'est un rendez-vous privilégié avec des artistes, des metteurs en scène, des auteurs, des photographes ou des chercheurs... Chaque rendez-vous est l'opportunité de plonger au cœur des collections du Musée des Beaux-Arts de Caen avec un invité qui évoque ses travaux, ses souvenirs, sa sensibilité. Christophe Manon, auteur en résidence à l'Imec, est invité par le Musée des Beaux-Arts à faire une sélection et à déambuler en compagnie du public.

« L’élégie, du grec ancien elegeía qui signifie « chant triste », fut une forme de poème dans l’Antiquité, avant de devenir un genre poétique à partir de la Renaissance. De nos jours, nous dit le TLF, l’élégie est un « poème lyrique de facture libre, écrit dans un style simple qui chante les plaintes et les douleurs de l’homme, les amours contrariés, la séparation, la mort ». Properce, Louise Labé, Goethe, Verlaine, Rilke, Akhmatova ou encore Emmanuel Hocquard, pour n’en citer que quelques-uns, ils sont nombreux à avoir pratiqué le genre, chacun à sa façon. Tout en s’efforçant de dégager de nouveaux enjeux, ce projet, intitulé Élégies mineures, s’inscrit donc de façon assumée dans la tradition d’une certaine poésie lyrique, dont il reprend de nombreux motifs, et dont il partage le souci de faire de l’expression d’une expérience singulière un espace commun pour chacun, partageable par tous. Avec cette sorte de « lyrisme expérimental » et un sens intime de la joie inquiète, ce livre tâchera donc de formuler une adresse où s’exerce un regard sans fard sur notre temps, à la fois sensuel, politique et sensible. Ceci en mode « mineur », dans un style dépouillé.

Il s’agira, en quelque sorte, d’une « autobiographie commune » dans laquelle la plupart des éléments convoqués seront susceptibles d’appartenir à chacun d’entre nous. Car la mémoire est en effet traversée par des tourbillons d’images, des bribes de phrases, des fragments de rengaines, des lambeaux de souvenirs qui parfois ne sont peut-être pas tout à fait les nôtres, et qui s’inscrivent toutefois dans notre histoire personnelle. Tenter en somme d’écrire une mémoire fictionnelle, à la fois singulière et collective, dans « un mouvement qui, selon Georges Perec, partant de soi, va vers les autres », et inversement.

S’y déploient en motifs obsessionnels la stupeur de vivre, la mort, l’amour, la toute puissance du désir, l’intensité de l’instant, l’immanence des présences, la joie et le désarroi, la grandeur et les faiblesses du cœur humain, la folle sarabande des prodiges et des terreurs enfantines, la détresse et l’espoir, la rage et la fureur toujours tenaces malgré l’écoulement irrépressible du temps. Les thèmes de l’échec, de l’errance, de la déroute (personnelle ou collective) sont notamment abordés, mais sans renoncer à l’expression d’une fraternité patiemment conquise, avec une certaine grâce, dans une sorte de ravissement, d’éblouissement face à ce qui survient. Dire l’urgence du souvenir afin de conjurer l’apparente normalité du temps qui passe. Non pas toutefois se contenter d’évoquer ce qui est révolu, mais bien plutôt chanter ce qui est en train d’advenir, ici, maintenant, sous nos yeux. Sans excès de mélancolie, explorer notre devenir spectral tout en assurant aux êtres présents qu’ils n’ont pas à redouter de passer, puisque c’est là leur destin légitime et leur tragique mais glorieux accomplissement. Tenter modestement de « rendre justice à l’intensité des événements », pour reprendre les mots de Pierre Guyotat et, peut-être, par la grâce de l’écriture et du rythme, d’attester de furtives épiphanies. »
Christophe Manon

Christophe Manon a publié une quinzaine de livres parmi lesquels Au nord du futur (Nous, 2016), Jours redoutables (Les Inaperçus, 2017), Vie & opinions de Gottfried Gröll (Dernier télégramme, 2017), Testament, d’après F. Villon (Dernier télégramme/Bisou, 2020), Provisoires (Nous, 2022). Il est également l’auteur d’une trilogie aux éditions Verdier : Extrêmes et lumineux (2015), Pâture de vent (2019) et Porte du Soleil (2023).

Cette résidence est coorganisée par l’Imec et l’agence régionale N2L Normandie Livre et Lecture.
© F. D. Oberland